A 20 ans, Rudi Sordes rêve de courir aux JO. A 55, il atteint le rêve olympique, par la musique.

A 20 ans, alors qu’il est jeune élève ingénieur, Rudi Sordes participe régulièrement à des compétitions universitaires d’athlétisme. Il court un 200m qu’il considèrera toujours comme ayant été sa plus belle course en pulvérisant son record personnel et bien qu’il finisse en deuxième position.

Ses études terminées, ses rêves de compétition internationale s’éloignent avec sa carrière professionnelle qui débute, mais c’est un homme aux multiples facettes. Son diplôme d’ingénieur en poche, il devient tour à tour entrepreneur, architecte logiciel, consultant en aéronautique, père de sept enfants, conseiller municipal de 2008 à 2013 et dirigeant au sein de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Mais la composition musicale reste le fil conducteur de sa créativité.

Il baigne dans la musique depuis son enfance. Sa mère chante avec lui dès sa petite enfance et dirige des chorales. Il est imprégné des cantiques qu’il chante le dimanche à l’église. Prenant des cours de percussions classiques au Conservatoire de Bordeaux, il apprend en parallèle le piano et la composition en autodidacte et s’exerce le dimanche en jouant les hymnes dans sa paroisse. Il compose pour la première fois à treize ans. Quatre ans plus tard, il utilise les premiers logiciels de composition sur ordinateur qui émergent tout juste au début de l’histoire de l’informatique musicale. Passionné, il passe des heures à décortiquer l’Ave verum de Mozart ou les tubes pop de Supertramp. Il écrit des chansons et des musiques de films qui à partir de 2001 commencent à être diffusées sur les chaînes de télévisions françaises. Vers l’âge de quarante ans, frustré d’être médiocre en lecture de partitions pour claviers, il prend ses premiers cours d’orgue. Par sa polyphonie et le style d’écriture spécifique à cet instrument, Rudi le considère comme l’instrument du compositeur par excellence. Il continue à interpréter les cantiques de sa paroisse. C’est une de ses ancres musicales.

C’est par la musique, lame de fond de son adolescence, qu’il renoue, à 55 ans, avec l’idéal sportif et olympique. Sa rencontre en 2017, en Chine avec Long Jiangbo, réalisateur de film est décisive : l’amitié qui se scelle entre eux en 2019 avec deux films en collaboration amène ce dernier à faire appel à lui pour composer la musique du court-métrage d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin en 2022.

Le court-métrage est un compte à rebours des 24 saisons chinoises qui dure 3 minutes 30 et débute la cérémonie diffusée en mondovision. Rudi est chargé d’illustrer en musique cet univers graphique créé par son ami Long Jiangbo, sous la supervision du créateur de la cérémonie, le célèbre réalisateur de films, connu notamment pour le film « Hero ». Une véritable course musicale s’engage, plusieurs mois durant, avant le début des jeux et jusqu’à la dernière minute. Rien qu’en France, 3 millions de téléspectateurs suivent la cérémonie d’ouverture et, sans le savoir, entendent la composition de leur compatriote. En Chine, la musique de Rudi est entendue par 316 millions de personne. Une consécration pour celui qui, enfant, se rêvait chef d’orchestre et s’extasie toujours devant la richesse du répertoire classique. Il le prend avec humilité et sans trop s’attarder… Il est dans sa voiture le 4 février, avec son fils Jean, quand il entend, ému, sa musique olympique en direct : « Quand j’ai entendu ma voix et la voix de ma fille Emma, sur ma composition, je me suis dit : maintenant je suis dans l’après ». 210 secondes dans les oreilles d’un demi-milliard de personnes autour du monde … A peu près dix fois le temps d’antenne qu’aurait donné un 200 m olympique au jeune athlète qui avait fini second…