Par un matin clair et lumineux de septembre 2021, Martina* se réveille avec l’espoir, pour une fois, que l’école sera un moyen d’avancer, et non un obstacle de plus. L’année dernière a été décourageante. Ses parents ont travaillé dur toute la journée dans les décharges des environs de Belgrade, à la recherche de matériaux de récupération. Le serbe de Martina n’était pas très bon, ses vêtements étaient mal ajustés, usés et portaient les odeurs de son quartier. Ses propres sens ainsi que les autres élèves lui rappelaient souvent qu’elle n’était pas à sa place. Ses parents ne savaient pas vraiment comment remplir les formulaires ou l’aider à faire ses devoirs. Et, parfois, son estomac vide la distrayait de sa lecture.
Mais elle pense que cette année va être différente. Des bénévoles du centre pour l’intégration des jeunes (« CIJ ») l’ont aidée à remplir les formulaires. Le CIJ a créé deux lieux de rencontre à Belgrade, en Serbie, pour les écoliers roms qui y participent avec la permission de leurs parents. Dans leur lieu de rassemblement, elle a eu une nouvelle robe le premier jour et un endroit pour se laver. Des personnes l’on aidée à faire ses devoirs après l’école et lui ont même permis de choisir un nouveau sac à dos pour ranger ses affaires d’école ! Il y a peut-être une chance, se dit-elle en entrant dans la classe la tête haute.
Cet automne, 180 enfants roms se sont inscrits à l’école dans l’espoir d’éviter la vie dans la rue, et ont reçu l’aide de trente étudiants bénévoles de l’université de Belgrade, du centre pour l’intégration des jeunes (« CIJ ») et de Latter-day Saint Charities (« LDSC »). LDSC est la branche humanitaire de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Son objectif est de soulager la souffrance, de favoriser l’autonomie et de fournir des occasions de servir. Lazar Milosevic, coordinateur de projet du CIJ, explique que les parents « ne sont pas en mesure de remplir les papiers nécessaires à l’inscription, [car] ils travaillent toute la journée, principalement à la collecte des ordures. Ils manquent donc de temps, leurs enfants n’ont pas de chaussures ni de vêtements ou ils ont une mauvaise hygiène. »
Raelene Bills, bénévole à temps plein de l’Église, explique : « LDSC a pu s’associer au CIJ pour les aider à offrir un lieu d’accueil aux enfants roms. LDSC contribue au financement du programme pour les enfants issus de familles défavorisées. » Les enfants viennent de vingt-sept campements roms non officiels autour de Belgrade et reçoivent des repas, une douche, de nouveaux vêtements et une aide aux devoirs. Svetlana Ilić, assistante pédagogique à l’école élémentaire Jovan Cvijić de Belgrade, commente : « Grâce aux activités du [CIJ], les enfants de la communauté rom réussissent à remplir leurs obligations scolaires régulièrement. Ces enfants sont sur un chemin sûr vers une instruction régulière et il n’y a aucun risque qu’ils abandonnent ce système d’instruction. »
Lazar Milosevic, coordinateur de projet du CIJ, déclare : « Les enfants qui vivent dans une extrême pauvreté, dont la plupart sont Roms, ont des problèmes de socialisation dus à leurs conditions de vie et au fait qu’ils ne connaissent pas le serbe. Leur estime de soi est renforcée lorsqu’ils participent à des activités extrascolaires et se mêlent à d’autres enfants, et cela leur donne confiance en soi. Nous sommes très heureux et fiers de notre travail, mais ces personnes rencontrent de nombreux obstacles et problèmes avec les services publics. Nous sommes en conflits permanents » avec les réglementations qui sont source de problèmes difficiles ou inutiles pour ces familles. « Si le soutien nécessaire leur est accordé au cours des premières années [...] cela permet également d’éviter [...] l’abandon des études les années suivantes. »
Dijana Injac, étudiante en maîtrise de langue et littérature serbes, l’une des trois lauréates du prix national du bénévolat et bénévole du CIJ, ajoute : « Je considère que nos ateliers sont l’occasion de remarquer les enfants qui ont tendance à être laissés pour compte en classe. Beaucoup d’entre eux sont confrontés à de grandes difficultés dans leur enfance, ce qui les oblige à grandir rapidement. » Lazar Milosevic ajoute : « Ces enfants trouvent chez nous de l’amour, des soins et des amitiés. »
Dijana poursuit : « Depuis que je suis devenue éducatrice au centre pour l’intégration des jeunes, je travaille avec des élèves de cinquième année, qui sont plus âgés et donc confrontés à des difficultés plus importantes en matière d’instruction. Nous les aidons à s’adapter à de nouveaux enseignants et à de nouvelles matières. À la fin des ateliers, nous trouvons toujours le temps de prendre un rafraîchissement [...], de jouer à des jeux amusants et d’avoir des conversations agréables. » Ralene Bills ajoute : « Le CIJ a un café où des Roms plus âgés ont obtenu un emploi. LDSC apporte également un financement pour les fournitures scolaires et d’hygiène, le matériel des ateliers, le transport et les activités de plein air. »
*Les noms ont été changés, afin de refléter la réalité quotidienne de nombre de ces élèves, dont l’identité est protégée.