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Histoire de l'Eglise en France

Le premier missionnaire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours à débarquer en France, en 1849, est un Gallois du nom de William Howells (1816-1851). Il limitera sa prédication aux côtes de la Manche, de St. Malo au Havre et à Boulogne-sur-Mer. Il baptisera surtout des étrangers parlant anglais dont le premier, Augustus Saint d'Anna, au Havre, le 30 juillet 1849. La première unité de l’Eglise (branche) sera organisée à Boulogne le 6 avril 1850, date anniversaire de l'organisation de l'Eglise aux Etats-Unis. Howells sera suivi d'autres missionnaires parmi lesquels l'apôtre John Taylor (1808-1887), qui deviendra le 3e Président de l'Eglise, et Curtis Bolton. Arrivés à Paris en juillet 1850, ils accomplissent leurs premiers baptêmes le 1er décembre, dans la Seine, à l'Ile Saint Ouen.

Parmi les convertis, Louis Bertrand, journaliste au journal Le Populaire, dirigé par Etienne Cabet, fondateur des Icariens, socialistes utopiques. Bertrand et Bolton seront les artisans de la traduction en français du Livre de Mormon, publié à Paris le 28 janvier 1852. Ils éditeront aussi une revue, L'Etoile du Déseret, pendant une année (mai 1851-avril 1852).

D'autres branches suivront : Le Grand-Lucé, dans la Sarthe, avec Isidore Bellanger ; Le Havre, avec la famille Henriod et même Bordeaux avec un certain Renart. Pourtant, l'opposition du régime impérial de Napoléon III motivera le transfert du siège de la mission dans l'île de Jersey en 1853. A l'époque, la plupart des convertis émigrent vers les Etats-Unis pour rejoindre les "saints" dans les vallées du Grand Lac salé où s'édifie, entre autres, Salt Lake City. On estime à environ 85 000 le nombre de convertis qui partent pour " Sion " depuis l'Europe entre 1840 et 1890. Parmi eux, probablement guère plus de 130 personnes venant de France.

Louis Bertrand, après 4 années en Utah, reviendra en France de 1859 à 1864 pour présider aux destinées de la mission mais l'opposition de l'Etat à une prédication active le décidera à écrire les Mémoires d'un Mormon où il raconte son expérience de saint des derniers jours. Avec son départ, la mission fermera ses portes.

En 1907, une seconde édition du Livre de Mormon est publiée à Zurich, par Serge F. Ballif (30 000 copies). Celle-ci sera divisée en chapitres et versets, avec des renvois, d'après l'édition anglaise, par James L. Barker et Joseph E. Evans, mais ne présentera pas de modifications par rapport à la version de 1852. En 1908, 28 des 133 sections des Doctrine et Alliances, autre ouvrage canonique de l'Eglise, sont imprimées. La traduction était de A. A. Ramseyer. Cette même année, des missionnaires travaillent à Lyon et à Lille. En 1909, on ouvre Nîmes, puis en 1911, c'est le tour de Paris. La mission française sera officiellement réorganisée le 15 octobre 1912, avec Edgar Brossard comme président. La mission, outre les villes de Suisse et Belgique francophones, a des branches à Paris, Lille et Lyon. Elle compte un total de 422 membres dont 29 anciens (frères détenant la prêtrise). On ouvrira Amiens et Troyes. En 1913, on recense 62 baptêmes. Le Président Brossard servira 31 mois et sera remplacé par Benjamin Francis Howells. C'est lui qui aidera les missionnaires en France, en Suisse et en Belgique à se rassembler dans les Iles Britanniques à partir d'août 1914. Il semble que les activités des branches cessèrent avec le départ des missionnaires et le début de la guerre.

La Mission française, qui totalise alors 200 membres, ne rouvrira officiellement qu'en 1924, avec Russell H. Blood comme président et son siège s'installera à Genève. En mai 1924, 47 missionnaires sont appelés à servir. Ernest C. Rossiter lui succède en 1925. A Lyon, le 3 novembre 1926, Venus R. Rossiter, l'épouse du président de mission organise la première Société de Secours en France, association des femmes de l'Eglise, avec 6 sœurs. A leur départ en 1928, la mission compte 53 missionnaires et 591 membres. Le tableau ci-dessous suggère la croissance jusqu'à la Seconde Guerre mondiale :

Années

Présidents de mission

Nombre de membres l'année de changement

Nombre de missionnaires

1928-1929

    Peter Rulon Christensen

                                          645

                 58

1929-1933

    Golden LeGrand Woolf

                                         799

                45

1933-1936

    Daniel Joseph Lang

                                         843

                14

1936-1938

Octave Frederick Ursenbach

                                         856

               36

1938-1939

    Joseph Ephraim Evans

                                        864

               43

En 1928, on réédite le magazine L'Etoile de la Mission Française. En 1930-31, il y a 58 missionnaires dans la mission divisée en 6 districts : la Suisse (Genève, Lausanne, Neuchâtel, La Chaux de Fond, Besançon et Dijon), la Belgique (Liège, Seraing, Herstal, Verviers, Charleroi et Bruxelles et Lille), Paris (Paris, Orléans, Tours, Blois, Nantes), Lyon (Lyon, Grenoble, St. Etienne, Valence et Roanne) et Marseille (Marseille, Nîmes, Montpellier, Béziers et Arles). Enfin, on créé le district de Bordeaux (Bordeaux, La Rochelle, Angoulême, Limoges et Périgueux) et le siège de la mission est transféré à Paris. Pourtant, en 1930, sur les 671 membres, 344 sont en Belgique, 280 en Suisse et seulement 47 en France. Cette même année, on termine la construction de 2 églises, à Seraing et Liège. En 1934, le manque de missionnaires dû à la Grande Dépression, oblige à fermer les districts de Bordeaux et de Marseille. On appelle des membres locaux pour aider à la prédication. En 1936, le siège de la mission s'installe à Liège, en Belgique. Pour faire connaître l'Eglise, des équipes de basket-ball, formées de missionnaires, sont organisées. En juin 1936, ils feront sensation en battant les champions de Belgique qui devaient participer aux Jeux Olympiques de Berlin l'année suivante

Le 3 septembre 1939, devant l'avancée des troupes allemandes, les missionnaires reçoivent la consigne de se diriger vers les villes portuaires pour l'évacuation. Seul, Gaston Chappuis reste en France plusieurs mois pour régler les affaires de la Mission française, garder le contact avec les membres et éditer L'Etoile. Il ne partira, avec son épouse, qu'en août 1940, en passant par Lisbonne, pour arriver à New York. Pendant l'occupation, quatre frères se chargeront de maintenir les contacts avec les membres : Robert Simond et Antoine Riva, en Suisse, Paul Devignez, en Belgique et Léon Fargier, en France. Fargier tenta de rester en contact avec les quelque 75 membres français, au prix de grandes difficultés, comme de trouver des lieux de réunion. A Valence, c'est à son domicile qu'il réunit la branche. La défaite de juin 1940 et la division en zone occupée et zone libre lui permet de voyager sans trop d'encombres dans la partie sud de la France. Après l'occupation de la zone libre il peut se rendre aussi dans le nord. Un réseau de sœurs lui permet de garder le contact entre les différentes branches. Son activité lui valut un article dans le journal Paris Soir de juillet 1941.

Alors que l'Europe se relève de la guerre, le Président de l'Eglise, George Albert Smith, prophète depuis mai 1945, envoie en Europe Ezra Taft Benson, apôtre, pour rouvrir les missions européennes et apporter, pendant dix mois, une aide matérielle considérable aux saints des différents pays. En 1946, James L. Barker, universitaire et linguiste de renommée internationale, est appelé comme président de la Mission française. Elle compte 754 membres et 11 missionnaires (qui deviendront 37 en juin) et est divisée en 4 districts : Strasbourg, la Suisse, la Belgique et le Midi. Le 1er juillet 1946, les branches de Strasbourg et Mulhouse ont été rattachées à la Mission française. Des arrangements sont pris avec la Société française du microfilm pour les registres d'état civil. Barker restera jusqu'en 1950, transférant le siège à Genève et ajoutera les districts de Bordeaux et Lyon. En 1952, paraît la troisième édition du Livre de Mormon, imprimée à Lyon. A priori, seules les notes en bas de page et la présentation sur deux colonnes offrent des différences.

Remarque concernant le nom de l’Église:Quand vous parlez de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, veuillez utiliser le nom complet de l’Église la première fois que vous la mentionnez. Pour avoir plus de renseignements sur l’utilisation du nom de l’Église, consultez notre Guide de rédaction.